Selon l’Organisation Internationale de la Francophonie, le français est en 2018 la cinquième langue la plus parlée au monde. Éric Phélippeau, vice-président du Festival de la Communication Santé, et Dominique Noel, sa présidente, ont souhaité créer en 2023, la Semaine de la Communication Santé Francophone « pour répondre aux attentes des journalistes, représentants d’associations de patients, professionnels de santé, institutionnels résidant à l’étranger. Tous les pays de langue française peuvent participer à ce rendez-vous annuel des acteurs de la santé. Le distanciel permet aujourd’hui en direct d’échanger simplement. »
Profiter d’informations santé en français
« Les populations parlent parfaitement notre langue et peuvent même parfois nous donner des leçons de français ! », le docteur Bernadette Chevrel, médecin, journaliste, membre de l’Union de la Presse Francophone (UPF) parcourait le monde, et notamment l’Afrique, pour assister à tous les congrès à majorité en langue anglaise. De retour en France, les informations étaient synthétisées et publiées en français dans sa revue Médecine et Chirurgie Digestive « pour permettre à tous les médecins francophones dans le monde entier de profiter gratuitement d’informations en français sur les dernières avancées dans le domaine de la médecine », indiquait-elle sur la chaîne TV5.
Partenaires de la Semaine de la Communication Santé Francophone qui a lieu en ligne, du 6 au 9 février, Acteurs de santé Tv et l’Observatoire de l’Information Santé vous font découvrir à travers 5 témoignages de journalistes, membres de l’Union de la Presse Francophone (UPF), le traitement de l’information santé en Tunisie, au Maroc, en République Démocratique du Congo, en Georgie et en Roumanie.
La promotion et le développement du français
Anne-Cécile Robert*, journaliste, membre du comité de rédaction et du directoire du Monde diplomatique et présidente de l’Union internationale de la Presse Francophone (UPF) précise certains des principes de l’Union : « Défendre la liberté de la presse et des journalistes ; favoriser et valoriser à l’échelle internationale les relations entre les publications dont le français est la langue de communication, en encourageant les sections à s’organiser et à agir pour la promotion et le développement des médias dans leurs régions dans le but de promouvoir la culture et les médias francophones ».
* Interviewée par Carla de Vaumas, Acteurs de Santé Tv aux Assises de la Presse Francophone en 2022, au Maroc.
Mieux former les journalistes tunisiens Hanène Zbiss, journaliste, présidente de l’Union de la Presse Francophone (UPF) de Tunisie précise :
« Jusqu’à l’avant Covid, l’information de santé bien qu’importante n’avait malheureusement pas sa place dans nos médias. L’épidémie a été un choc ! Nous avons compris que nos journalistes et nos médias n’étaient pas suffisamment préparés à couvrir les questions sanitaires. Nous avons appris sur le tard que l’information de santé était une spécialité à part entière. Les médias eux-aussi ont pris conscience de la nécessité de consacrer une partie de leur programmation aux informations de santé. En Tunisie, l’information sanitaire prend sa place petit à petit. La plupart des gens pensent que le Covid est derrière nous même s’il est encore bien présent et d’autres épidémies ne manqueront pas de se déclencher dans les années à venir. Ce qui est sûr aujourd’hui, c’est qu’il existe une prise de conscience au niveau du public, mais aussi au niveau du corps journalistique : nous devons travailler davantage sur l’information sanitaire et il existe de plus en plus de sessions de formation afin de mieux préparer nos journalistes à couvrir les questions de santé, tout comme les questions climatiques et d’environnement. » Voir la vidéo >
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La santé, un sujet traité par à-coups dans les médias marocains
« Nous n’avons pas de presse spécialisée dans la santé au Maroc », poursuit
Mériem Oudghiri, journaliste, présidente de l’Union de la Presse Francophone (UPF) du Maroc.
« Il y a eu quelques tentatives et, à ma connaissance, il n’existe aujourd’hui qu’un seul magazine consacré à ce sujet. Nous n’avons pas non plus de journalistes spécialisés en santé. Ce sujet est donc traité par à-coups, lors d’événements ou à travers l’information que nous recevons d’organisations internationales, comme par exemple, l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé). La presse marocaine soutient également les associations. Le poids de la société civile est important au Maroc et les associations font un travail formidable sur les thèmes de la santé comme le diabète, l’autisme et tout un nombre de sujets que nous suivons beaucoup. Dans le quotidien économique pour lequel je travaille, traiter les sujets de santé sous l’angle économique - budgets, études… - est notre raison d’être. Nous n’avons effectivement pas de journalistes spécialisés, mais traitons nous-mêmes ces questions de santé. »
En RDC, de l’information nécessaire pour combattre les virus ou la malaria
Christiane Munoki Ekambo, journaliste, secrétaire générale de l’Union de la Presse Francophone (UPF) en République Démocratique du Congo, témoigne également :
« Le secteur sanitaire pose beaucoup de soucis, notamment à notre gouvernement car nous ne disposons pas aujourd’hui d’une bonne couverture sanitaire dans notre pays. Le dernier conseil des ministres a alerté sur le fait qu’il fallait désigner un organisme qui travaille spécifiquement afin que la population soit mieux prise en charge. Les problèmes sanitaires restent absolument cruciaux en République Démocratique du Congo (RDC), surtout que se développent actuellement les maladies tropicales qu’il ne faut pas négliger (MTN). On voit par exemple réapparaître des virus qui avaient disparu, comment les éradiquer ? La malaria est toujours présente. Mais grâce à l’OMS et à des organisations comme Médecins sans frontières, nous observons tout de même qu’un travail important est réalisé dans notre pays. Les journalistes accompagnent ce travail. »
Le journalisme de santé n’est pas prioritaire en Géorgie
« Il est très rare de trouver des informations de santé dans la presse, sur les sites web ou encore sur les réseaux sociaux », indique
Guillaume Moulaert, journaliste, Président de l’Union de la Presse Francophone (UPF) en Géorgie.
« Les sujets économiques et politiques sont privilégiés de manière générale et bien entendu, la situation dans le Caucase et la guerre en Ukraine font la Une de l’actualité et prennent la majorité du temps d’antenne. Le sport est très populaire dans notre pays et on observe que l’éclosion de sportifs en Georgie permet d’aborder les questions de santé. Par exemple, un fameux joueur de football géorgien explose tous les records à Naples, en Italie, et des informations santé le concernant et spécifiques à ce sport sont diffusées, mais cela reste vraiment un très petit pourcentage de l’information. Nous nous intéressons davantage aux résultats sportifs ! Les sujets médicaux ne sont pas réellement traités par les journalistes géorgiens. » Voir la vidéo >
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Les patients roumains manquent d’informations santé claires
Danièla Coman, journaliste, Présidente de l’Union de la Presse Francophone (UPF) de Roumanie, conclut :
« Comme dans tous les pays, quelques médecins sont devenus célèbres ces derniers temps à travers leurs posts sur Facebook et d’autres réseaux sociaux. Les psychiatres sont très actifs, tout comme les nutritionnistes qui fournissent au grand public de nombreux conseils - parfois contradictoires - sur l’alimentation. En réalité, en Roumanie, il n’existe pas d’informations de santé claires qui répondent aux questions que se posent les patients. De plus, en Roumanie, les journaux papier - quotidiens, hebdomadaires, revues - ont aujourd’hui quasi-complètement disparu. Le public roumain est un grand consommateur de télévision, c’est pourquoi il existe de très nombreuses chaînes de télévision. Le public plus jeune est connecté à Internet et aux réseaux sociaux, mais il n’y a pas du tout de communication sur la santé au bénéfice des citoyens comme cela a été le cas pendant la pandémie de Covid où tous les journalistes étaient concentrés sur le sujet. En tant que correspondante de presse à Paris, j’étais toujours à l’affût d’informations pouvant intéresser la Roumanie sur la façon dont la France gérait l’épidémie et se sortait de la situation. De plus, notre système de santé publique s’est de plus en plus appauvri. A cause du manque de moyens et de personnel, nous sommes obligés de nous faire soigner dans le privé, ce qui nous coûte beaucoup, mais nous n’avons pas le choix ! » Voir la vidéo >
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