Le Biofilm est une communauté bactérienne qui peut être à l’origine d’un retard de cicatrisation altérant la qualité de vie des patients. Ennemi invisible, il résiste aux antiseptiques et aux antibiotiques exposant la plaie à des épisodes infectieux récurrents. Son traitement repose sur des soins locaux très techniques. Convatec l’un des leaders mondiaux de la cicatrisation, fait le point sur les bonnes pratiques d’hygiène des plaies avec le Dr Priscille Carvalho, dermatologue au CHU de Rouen et Pascal Serantoni-Vasseur, infirmier, expert en cicatrisation des plaies à Marseille, tous deux membres de la Société Française et Francophone de Plaies et Cicatrisation (SFFPC).
La présence de Biofilm retarde la cicatrisation des plaies chroniques« La notion de Biofilm est assez récente, on la connait mieux depuis qu’on sait identifier les milieux d’une plaie chronique et analyser les cellules présentes. Cette communauté un peu particulière est composée de bactéries reliées les unes aux autres et qui communiquent entre elles. Elles parviennent à se protéger du milieu extérieur en sécrétant une matrice tridimensionnelle qui devient très résistante aux antiseptiques ou aux antibiotiques. Le Biofilm est également capable de résister aux défenses immunitaires naturelles des patients, constituant un facteur de retard de cicatrisation qui va exposer la plaie à un risque d’infections récurrentes », explique Pascal Serantoni-Vasseur, infirmier, expert en cicatrisation des plaies à Marseille, membre de la Société Française et Francophone de Plaies et Cicatrisation (SFFPC).
Le tabac et l’âge, responsables de retard de cicatrisation « Les facteurs qui retardent la cicatrisation peuvent être d’ordre local ou général comme une dénutrition, des maladies associées à la plaie, un diabète, certains cancers ou encore certains traitements. Nous analysons toutes les comorbidités des patients, leurs traitements habituels et plus particulièrement les facteurs locaux qui empêchent la cicatrisation sur la plaie, sur ses berges et parfois, en périphérie », ajoute le Dr Priscille Carvalho, dermatologue au CHU de Rouen, également membre de la Société Française et Francophone de Plaies et Cicatrisation (SFFPC).
« Le tabac est l’un de nos combats quotidiens. Les plaies chroniques concernent de nombreux patients âgés. L’âge en soi peut être à l’origine d’un retard de cicatrisation, mais chez les personnes âgées, il est bien souvent associé à des comorbidités. Les règles hygiéno-diététiques et le manque d’activité physique, notamment si les personnes marchent trop peu, peuvent là encore laisser s’installer un retard de cicatrisation ».Selon de récentes études, le Biofilm serait présent dans 80 % des plaies qui ont du mal à cicatriser Le Dr P. Carvalho explique que
« certaines études tentent aujourd’hui à prouver que le Biofilm serait présent dans 80 % des plaies difficiles à cicatriser, sans qu’on puisse l’identifier. Son diagnostic est en effet très difficile à poser parce qu’il n’existe pas, à ce jour, de moyen simple pour pouvoir le détecter. Il peut apparaître dans tous types de plaies dès lors qu’on observe un retard de cicatrisation. »Des recommandations internationales adaptées aux pratiques françaises pour guider les soignants « Finalement, tous les soins au quotidien vont essayer de prévenir l’installation de ces bactéries invisibles en réalisant un lavage et un nettoyage des plaies et des soins d’hygiène réguliers pour décrocher toutes les bactéries reliées entre elles. Lutter contre le Biofilm à titre préventif ou curatif est tellement important au sein des plaies chroniques qu’un groupe d’experts en cicatrisation a élaboré des recommandations pour les soignants reposant sur quatre étapes simples dans ces soins très techniques. Ce consensus a été adapté par plusieurs experts français en lien avec la Société Française et Francophone de Plaies et Cicatrisation (SFFPC) », indique le Dr P. Carvalho.
4 grandes étapes pour lutter contre le BiofilmP. Serantoni-Vasseur précise comment lutter contre le Biofilm de façon relativement simple à travers des soins d’hygiène de la plaie constituée essentiellement de 4 grandes étapes :
« La première consiste à laver la plaie de façon assez régulière, voire répétée si la plaie est résistante ; la seconde est une phase de détersion ; la troisième est une phase d’observation et de soins des berges environnantes qu’il faut consciencieusement examiner et soigner ; enfin, le choix du pansement doit permettre de rester dans le cadre d’une cicatrisation en milieu humide et également, de tenir compte d’une éventuelle surinfection de la plaie due à une surcharge de Biofilm. »Il faut qu’il existe une vraie coordination entre la ville et l’hôpital autour du patient « En cas de retard de cicatrisation, lorsqu’on suspecte un Biofilm, on peut suivre ces recommandations en ville. Si les plaies sont complexes, difficiles à prendre en charge parce qu’elles sont douloureuses, une équipe hospitalière experte en cicatrisation pourra prendre en charge le patient de manière ponctuelle à l’hôpital ou chez lui (HAD). Bien évidemment, la prise en charge peut se faire conjointement avec des échanges entre la ville et l’hôpital, et toujours en lien avec le médecin traitant qui doit être averti de l’évolution de la plaie, qu’elle se dégrade ou s’améliore », insiste le Dr P. Carvalho.
« Des formations continues sur les plaies et les cicatrisations sont constamment proposées aux infirmiers libéraux, la Société Française et Francophone de Plaies et Cicatrisation (SFPPC) organise annuellement son congrès à Paris. Tout ceci participe à l’information des professionnels de santé, des médecins aux infirmiers en passant par les chirurgiens. Il faut qu’il existe une vraie coordination autour du patient pour obtenir une bonne cicatrisation », conclut P. Serantoni-Vasseur.
S’inscrire aux Journées 2023 Cicatrisations, du 15 au 17 janvier, à Paris :
https://www.cicatrisations2023.orgInterview réalisée dans le cadre de la web Tv Plaies et Cicatrisation Acteurs de santé avec le soutien institutionnel de Convatec,
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