Bien connus des professionnels de santé, les médecins pathologistes ou “anapaths” sont méconnus du grand public. Pourtant, du dépistage, au diagnostic et à la mise en place de traitements personnalisés, ces spécialistes tiennent une place importante au sein du parcours de soins. Pour mieux se faire connaître et entendre, le Syndicat des Médecins Pathologistes Français (SMPF) a développé une web Tv qui propose 22 épisodes, en partenariat avec la chaîne Acteurs de santé Tv. Le SMPF demande aujourd’hui au gouvernement le remboursement par la Sécurité sociale de tous les actes de pathologie moléculaire. Il souhaite également que des crédits (ROSP) soient débloqués pour informatiser les différentes structures afin que les pathologistes puissent transmettre leurs données de façon compatible et sécurisée.
Le SMPF veut obtenir le remboursement des actes de pathologie moléculaire Le Dr Pomone Richard, médecin pathologiste à Toulouse, membre du Syndicat des Médecins Pathologistes Français (SMPF) tire la sonnette d’alarme quant à la nécessité du remboursement par la Sécurité sociale des actes de pathologie moléculaire : « Le Syndicat des Médecins Pathologistes Français représente les 1.600 médecins exerçant en France, du public comme du privé. Notre combat est de développer la connaissance de notre métier et de mettre en avant notre spécialité dans le parcours de soins après des patients, mais aussi auprès du gouvernement : les autorités ont besoin de nos données pour les études de santé publique. Nous voulons aujourd’hui obtenir des crédits (ROSP) pour pouvoir accéder à l’informatisation décente de nos structures et également le remboursement par la Sécurité sociale des tests moléculaires. La médecine de précision s’est développée au début des années 2000. Aucun cancer n’est traité aujourd’hui sans qu’on regarde ce qui se passe à l’échelon moléculaire. Des plateformes de pathologie moléculaire ont été établies dans quelques hôpitaux universitaires et très rapidement, les besoins de la médecine personnalisée se sont accrus. Des plateformes libérales se sont aussi mises en place. Nous avons tous à cœur de faire des diagnostics les plus précis et aboutis possible, mais l’Etat doit nous donner les moyens financiers pour accomplir notre rôle de médecin. »
A partir d’un prélèvement de cellules ou de tissus, l’anapath va poser un diagnostic et un pronostic de la maladie le Dr Marie-Pierre Wissler, médecin pathologiste à Lyon, membre du Syndicat des Médecins Pathologistes Français (SMPF), précise le rôle de ce spécialiste, présent à toutes les étapes du parcours de soins : « Le mot d’anapath est une abréviation du nom officiel un peu compliqué d’anatomo-cyto-pathologiste. Tout le monde nous appelle donc anapath ou pathologiste ! Pour autant, nous sommes des médecins spécialistes qui avons pour objectif quotidien de poser un diagnostic de maladie en utilisant principalement nos yeux. Nous regardons dans un microscope des cellules, des tissus d’un individu, d’une personne malade à qui on a enlevé un petit morceau de lui-même pour être examiné et pour qu’un diagnostic précis soit posé. Au-delà du dépistage, notre intervention permet en effet d’obtenir un diagnostic dont va découler un traitement ou pas de traitement du tout pour essayer de préserver le patient le plus possible ! Lors des réunions de concertation multidisciplinaire, nous accompagnons les différents médecins qui prennent en charge le patient pour confirmer le diagnostic de sa maladie, sa gravité et les molécules qui sont de potentielles cibles pour des traitements. En cancérologie, la tumeur du patient va exprimer ou non certains gènes. Nous allons l’examiner et indiquer quels sont les gènes actionnables qui vont répondre à un traitement. Nous permettons ainsi au cancérologue de choisir un traitement personnalisé, ce qui présente un bénéfice direct pour le patient. »
Le dépistage ne sert à rien si on ne connait pas son impact pour prévoir les années futures « La première étape de l’anapath dans le parcours de soins commence par la prévention et le dépistage organisé du cancer du col de l’utérus (HPV), du sein ou encore de celui du cancer du côlon. On voit encore trop souvent des cancers à des stades trop tardifs pour que le traitement soit le plus efficace possible. Se faire dépister permet de prendre en charge tout de suite de petites lésions ou de les enlever sans avoir besoin de chimiothérapie et éviter de rentrer dans un parcours de soins. » Si les anapaths jouent un rôle important en santé publique, le Dr Pomone Richard alerte toutefois sur l’interopérabilité des systèmes informatiques car « le dépistage ne sert à rien si on ne connait pas son impact pour prévoir les années futures. Or si nous savons collecter les données, ce qui est notre travail quotidien, nous ne disposons pas des outils informatiques suffisament performants pour les transmettre de façon accessible, sécurisée et sous un format compatible avec les différents organismes concernés ! Les mécanismes d’échanges sont pour l’instant trop balbutiants et les investissements sont très lourds financièrement. »
En savoir plus :
SMPF : https://www.smpf.info/
Web tv : https://www.acteursdesante.fr/webtv/tout-savoir-sur-les-medecins-anapaths/14/
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