Au premier contact, rien ne laisse à penser que cette très jolie blonde est un « cerveau », on l’imagine plutôt directrice d’un prestigieux magazine aux Etats-Unis. Cette gravure de mode cache bien son jeu. « Je suis née en 1969, en Angleterre, ce qui me donne la double nationalité anglaise et française, bien que mes parents soient français, », indique-t-elle avec un grand sourire en vous regardant du coin de l’oeil pour vérifier si vous suivez son parcours. « Cette exposition internationale et mon expérience à l’hôpital m’ont très rapidement donné le gout et l’envie de faire quelque chose contre la souffrance, notamment la souffrance des enfants qui m’a particulièrement touchée. À l’époque, c’était l’explosion des connaissances en génétique », observe-t-elle. Alexandra suit un doctorat en génétique avec le professeur Axel Kahn. « C’était une préférence par rapport à l’université d’Oxford ou de Cambridge où j’avais la possibilité de faire mon doctorat en médecine et en sciences (PhD). »
Beaucoup d’informations sur ce que nous sommes
Cette perfectionniste, entêtée, part à Boston en Post-doc à la Harvard médical school, « où là, j’apprends aussi comment marche la science aux Etats-Unis, comment on a les moyens de mettre en oeuvre les différentes idées qu’on peut avoir. » Retour en France où elle est nommée directeur de recherche à l’INSERM. « Ce qu’Il faut retenir de la médecine génomique, c’est que l’on ne parle pas de médecine préventive, prédictive ou personnalisée, ce jargon ne veut pas dire grand chose. Nous n’avons pas attendu l’ADN pour mettre place une prévention, ni une prédiction. En revanche, le génome apporte un nouvel outil, une nouvelle vue. On appelle ça logiquement la médecine génomique ou la médecine du génome. Qu’est-ce que ça nous donne comme informations ? Beaucoup d’informations sur ce que nous sommes », explique-t-elle tout simplement.
Nous sommes programmés par nos gènes
« Nous avons là une porte d’entrée vers une immensité d’informations ». L’analyse du génome c’est la prédiction. À partir de là, il y a deux façon de penser : c’est génial ! Je vais tout pouvoir prédire sur votre santé à partir de votre génome » ! Mais là, on provoque chez l’être humain une réaction totalement imprévisible. Naturellement, nous voulons tous savoir ce qui va nous arriver, c’est logique. On se demande, par exemple, quelles maladies nous pourrions avoir ? Mais lorsque les résultats sont disponibles, seulement une personne sur trois souhaite les obtenir. Elle comprend bien à cet instant que sa vie, sa liberté est en jeu. Car au fond, l’être humain est beaucoup plus complexe qu’on ne l’imagine ! »
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Volet perso
Musique ? : « je suis pour la découverte fabuleuse d’une musique peu connue d’Erik Satie qui s’appelle « Vexations ».
Littérature ? : « Joseph Kessel, « les mains du miracles » m’ont fait comprendre à quel point dans notre vie, où que nous soyons même si cela semble totalement insignifiant, même si nous nous sentons éloignés de tout ce qui se passe, nous pouvions avoir une répercussion colossale en positif sur les êtres qui nous entourent. »
Réincarnation ? : « Je n’aimerai pas être réincarnée ! Nous avons une chance inouïe d’avoir un panel de choix de vie, de donner la vie, ce qui est extraordinaire, donc sans hésiter une femme ! »
Pour illustrer un billet de banque ? : « Mère Theresa, cela permettrait à chaque fois que l’on saisit un billet de banque d’avoir cette lumière qui transmet une seule valeur : l’amour. »
Conseil à un jeune ? « Je dirai à un jeune de 20 ans, de faire un usage d’acteur et de citoyen des écrans. Les jeunes passent beaucoup de temps sur ces écrans ; un écran par définition est quelque chose qui vous protège et un obstacle par rapport à la réalité. Donc qu’ils embrassent la réalité pour mieux la comprendre et s’ils l’a comprennent qu’ils deviennent « acteurs » et enfin, qu’ils épousent la carrière de chercheur, ils ne seront jamais déçus ! »
Si Dieu existe ? Qu’il me dise : « Bienvenue and let’s have fun ! »
Interview réalisée au Big Bang du Figaro > ICI